Maple (David Goudreault)


David Goudreault. Maple. – Montréal : Stanké, 2022. – 237 pages.

 


Polar

 

 


Résumé :

 

« Quand même pas tous les jours qu'une péripatéticienne bien mûre arrive à résoudre un paquet de crimes, à doubler la police et à neutraliser un tueur en série du même élan. Ça vaut la peine d'être raconté.Attachez vos tuques avec de la broche à dents, ça va fesser fort. »

 

Commentaires :

 

Si vous avez aimé la trilogie La bête à sa mère / La bête et sa cage / Abattre la bête, publiés en 2015/2016/2017, vous retrouverez l’ambiance et l’écriture caustique de David Goudreault, chroniqueur, poète, parolier, romancier… et travailleur social dont l’expérience professionnelle nourrit son inspiration créatrice.

 

Avec Maple admirablement représentée sur la couverture de première, l’auteur nous entraîne dans une histoire déjantée mettant en scène une vieille travailleuse du sexe de 57 ans en liberté conditionnelle, entourée de personnages tous plus colorés les uns que les autres, qui se donne pour objectif d’enquêter sur les meurtres en série entre autres de ses collègues péripatéticiennes et de punir le ou la coupable. Préparez-vous à plonger dans un univers glauque comme l’annonce en page liminaire le « traumavertissement » :

 

« Cette oeuvre de fiction déborde de violence, de références explicites au racisme, au multiculturalisme, à l'homophobie, à la claustrophobie, aux drogues dures, à la misandrie, à la misogynie, à l'exploitation sexuelle, aux homicides, aux féminicides et au suicide. Lecteurs sensibles, abstenez-vous. À l'aventure ! »

 

Utilisant à l’excès une plume incisive dans ce roman politiquement incorrect et corrosif, Goudreault décoche des flèches sur la gestion du milieu carcéral, l’administration de la justice, la réhabilitation, la protection de la jeunesse, le travail social, la santé mentale, les milieux littéraires, les services de police et de nombreux travers. Le tout traité dans une narration et des dialogues crus, injectés d’une certaine dose d’humour exacerbée, de poésie et de descriptions savoureuses, comme dans ces quelques exemples :

 

« La danse du rouge et du bleu dans les beaux grands yeux bruns de Lamoureux relevait de la poésie. » (en référence aux gyrophares des voitures de police)

 

« Notre bulle de bonheur détonnait dans la grisaille ambiante de mars… »

 

« Il était chauve, mais portait une barbe dense. Comme la richesse dans le monde, il avait la pilosité très mal distribuée. »

 

« Dans ses grands yeux de morue morte à marée basse, j’ai vu un tressaillement de volonté, un spasme de contestation. »

 

« Fin d’après-midi, les pupilles dilatées au max, les paupières en guerre contre la gravité, elle était complètement défoncée. »

 

Et on pourrait en citer des centaines d’autres que vous pourrez découvrir de page en page.

 

Donc, si vous êtes à la recherche d’une lecture originale, d’œuvre littéraire bien québécoise qui sort des sentiers battus, je vous recommande de côtoyer pendant quelques heures Maple, pour qui « à tendre l’autre joue, on vient vite à manquer de face » et que « pour que le bien se puisse, il faut parfois que le mal se fasse ».

 

 

Originalité/Choix du sujet : *****

Qualité littéraire : *****

Intrigue :  *****

Psychologie des personnages :  *****

Intérêt/Émotion ressentie :  *****

Appréciation générale : *****