Roman
noir
Résumé : Encouragé par sa sœur à délaisser sa vie de petit
criminel, Dave entreprend des études à l’université. Bien vite cependant, il
sent qu’il n’y est pas à sa place, et lorsqu’un ami de son oncle lui demande de
livrer des cigarettes de contrebande en bateau – risque nul, paye généreuse –,
il accepte d’emblée, sans se rendre compte qu’il remet le pied dans
l’engrenage. Plus tard, c’est un pick-up au pare-chocs rempli de poudre qu’il
doit conduire à des clients. Parce qu’il est habile, on le fait rapidement gravir
les échelons du gang de motards qui contrôle le trafic sur la réserve. Tout ça
alors qu’une opération policière d’envergure se prépare.
Mais
Dave a son idée sur ses nouveaux employeurs, et on peut se demander de quel
côté des barricades il se trouvera au moment où les forces de l’ordre
frapperont.
Ce
roman noir raconte la soif d’émancipation d’un jeune homme, et le prix qu’il
aura à payer pour l’obtenir.
Commentaires : Les éditions Héliotrope viennent d’ajouter un
nouveau titre à leur collection Héliotrope Noir qui vise à « tracer, livre après livre, une carte inédite
du territoire québécois dans lequel le crime se fait arpenteur-géomètre ».
Le premier roman de Félix Ravenelle-Arcouette, montréalais originaire de
Saint-Hyacinthe qui nous plonge dans l’univers des motards criminels qui
contrôlent la contrebande des cigarettes et de la drogue sur le territoire des Mohawks
à Kahnawake et à Kanesatake.
Un
roman qui m’a séduit dès les premiers chapitres avec sa trame dramatique qui
entraîne le lecteur dans une spirale vertigineuse, la descente aux enfers d’un
jeune autochtone confronté au choix entre devenir avocat (dans un milieu
universitaire qui lui est hostile) ou s’investir dans la criminalité « facile »
afin d’assurer son avenir : « Une
passion sombre et irrépressible lui chuchote depuis longtemps qu’il doit vivre
de crimes, qu’il sera meilleur à être mauvais que bon. »
L’auteur
est allé sur le terrain et y a rencontré des membres de toutes générations de
la communauté autochtone dans le but de documenter son récit. Et le résultat
est probant : dans le profil et la psychologie des personnages (le groupe
de jeunes et de cousins, certains membres de la communauté, les motards aux actions
à glacer le sang), dans la description des lieux, dans les dialogues incrustés
d’expression en langue mohawk, dans l’ambiance glauque qu’il a su traduire et
qui se rembrunit particulièrement dans la deuxième partie.
Dans
Le cercle de cendres, jeunes et vieux
sont intoxiqués par l’alcool et les drogues douces et fortes qui influencent
leur jugement. Et Dave Lahache, le personnage principal dont on suit le sombre cheminement
qu’on souhaiterait réversible, pour qui « il faut apprendre à minimiser son mal quand il risque de nous dévorer »,
n’y échappe pas. Évidemment, la violence psychologique et physique est
omniprésente dans cette histoire très crédible : « si le sang tache, il peut aussi laver ».
Le cercle de cendres met en évidence une autre facette du conflit Blancs/Autochtones
omniprésent dans la région : celle du contrôle de la criminalité. Félix
Ravenelle-Arcouette nous en fait prendre conscience dans une conversation bien
sentie entre Dave Lahache et son beau-frère qui fait dire en finale, à son
personnage principal : « le folk
system garantit la préséance du droit
local sur les autres. On a le pouvoir de faire en sorte que les Blancs quittent
le territoire mohawk, tous les territoires mohawks. Moi, en tout cas, je veux
pu les voir dans les parages. C’est dans leur regard qu’on se sent comme de la
merde. Y pourront venir acheter, traverser, mais plus habiter, et certainement
pas investir. Fini les petites passes pour exploiter nos privilèges. Moi, je
suis un bandit, mais je serais plus jamais le nègre des Blancs. »
Un
roman troublant que j’ai dévoré en quelques heures. Je remercie l’Éditeur pour
son service de presse.
Ce que j’ai aimé : L’originalité du récit, l’ambiance générale, la
crédibilité des personnages, la qualité de l’écriture, le rythme de l’action,
le suspense croissant. Un des bons titres de la collection.
Ce que j’ai moins aimé : -
Cote
: ¶¶¶¶¶
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