L'enfant qui mesurait le monde (Metin Arditi)

Metin Arditi. – L’enfant qui mesurait le monde – Paris : Bernard Grasset, 2016. 249 p.
 
 

Roman

 

 

 
Résumé :

À Kalamaki, île grecque dévastée par la crise, trois personnages vivent l’un près de l’autre, chacun perdu au fond de sa solitude. Le petit Yannis, muré dans son silence, mesure mille choses, compare les chiffres à ceux de la veille et calcule l’ordre du monde. Maraki, sa mère, se lève aux aurores et gagne sa vie en pêchant à la palangre. Eliot, architecte retraité qui a perdu sa fille, poursuit l’étude qu’elle avait entreprise, parcourt la Grèce à la recherche du Nombre d’Or, raconte à Yannis les grands mythes de l’Antiquité, la vie des dieux, leurs passions et leurs forfaits... Un projet d’hôtel va mettre la population en émoi. Ne vaudrait-il pas mieux construire une école, sorte de phalanstère qui réunirait de brillants sujets et les préparerait à diriger le monde ?

Lequel des deux projets l’emportera ? Alors que l’île s’interroge sur le choix à faire, d’autres rapports se dessinent entre ces trois personnages, grâce à l’amitié bouleversante qui s’installe entre l’enfant autiste et l’homme vieillissant.

Commentaires : Ce magnifique roman de Metin Arditi, écrivain francophone suisse vaudois né à Ankara en Turquie, est un hommage à la Grèce antique et d’aujourd’hui. Il met en scène une panoplie de personnages fascinants, attachés à leur patrimoine et confrontés avec la modernisation de la société.

Un récit émouvant, sur fond de crise économique grecque, aux dépens des créanciers internationaux que sont l’Union européenne et le FMI, et de magouille politique, l'histoire d'un enfant roi, en quête de l'ordre du monde qui tente au quotidien de le maîtriser par ses calculs.

Une histoire qui nous téléporte en Grèce, à la découverte de la petite île de Kalamaki, au fin fond du golfe Saronique, qui lutte pour sa survie et celle de ses habitants. Des citoyens confrontés à un dilemme : « Il fut un temps où nous offrions au monde des temples, des stades, des amphithéâtres. Aujourd'hui, nous défigurons un site merveilleux pour y construire le Périclès Palace, symbole de nos rendez-vous répétés avec le ridicule et la honte. Appauvri, hagard, notre pays sombre chaque jour davantage dans l'indignité et le malheur. »

Un roman intelligent qui suscite, entre autres, la réflexion sur l’idéal du classicisme : « Le but d’un enseignement classique est de nous offrir un peu de clairvoyance face à des problèmes nouveaux et complexes. Nier l’universalisme de notre héritage, c’est faire avec la culture ce que les circonstances nous obligent à faire avec notre économie : nous en remettre à autrui. Là est la vraie humiliation. »

Et de l’apport pour nos sociétés modernes des élucubrations des grands philosophes grecs : « J'imagine Platon et Socrate au bord de l'eau, dans un endroit semblable à la crique où je vais souvent, qui s'appelle Saint-Séraphin [...]. Ils bavardent, se moquent, s'insultent, s'esclaffent... Et dans ce paysage d'une telle harmonie, tout leur vient naturellement, les idées, la sagesse, les mots, tout... »

Dans ce roman grec, Metin Arditi sait nous transmettre son amour pour cette région méditerranéenne en nous plongeant dans l'univers fascinant de l'autisme, au « parfum du Nombre d’Or ».

Ce que j’ai aimé :  Autant le fond que la forme. 

Ce que j’ai moins aimé : -

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