Toutes les nuances de la nuit (Chris Whitaker)


Chris Whitaker. – Toutes les nuances de la nuit. – Paris : Sonatine, 2025. – 821 pages.

 

 

Polar

 

 

 

Résumé :

 

Jusqu'à ce jour de 1975, Monta Clare était une petite communauté tranquille du Missouri. Aujourd'hui, les sirènes des voitures de police retentissent dans toute la ville. Dans un quartier paisible, les habitants sont interrogés, tous doivent fournir des alibis. La raison ? Le jeune Patch Macauley a disparu. Dans la forêt voisine, on a retrouvé son tee-shirt, maculé de sang. Saint, une jeune fille au caractère bien affirmé, décide de faire tout ce qui est en son pouvoir pour découvrir ce qui est arrivé à son ami. Elle harcèle le shérif, mène sa propre enquête, cherche des pistes.

 

Les jours passent, puis les semaines. L'affaire ne fait plus les gros titres des journaux, et cependant, Saint s'obstine. Des mois plus tard, Patch Macauley réapparaît. L'affaire est réglée ? Non. Bien au contraire, il faudra des décennies pour élucider tous les mystères et faire la lumière sur ce qui s'est réellement passé durant sa disparition.

 

 

Commentaires :

 

Quand j’ai reçu le service de presse du roman, une brique de plus de 800 pages de Chris Whitaker, un auteur que je ne connaissais pas, je me suis dit « Ouf » en le soupesant (1 kilo J). L’ouvrage était accompagné de la carte professionnelle de l’attachée de presse d’Interforum Canada avec la note : « Bonjour Michel. Un très très bon polar. Dans la veine de R.J. Ellory. Vous allez adorer ! »

 

Elle avait raison. D’entrée de jeu, je vous recommande de vous laisser emporter dans cette « quête obsessionnelle », une intrigue particulièrement bien ficelée qui s’étale sur trois décennies (1975-2001), racontée en 261 très courts chapitres. Avec de nombreuses chutes et une finale inopinée.

 

« Toutes les nuances de la nuit » (en anglais « All The Colors of the Dark ») est un roman qui mêle enquête, mystère, thriller, mais aussi récit intime et de réflexion sur la perte, l’amitié, la famille et le temps qui passe. L’auteur britannique met en scène deux personnages principaux profondément humains et fort attachants :

 

·        Patch (Joseph) : un jeune garçon fragile, borgne, amateur de pirates et d’aventures, rêveur à la sensibilité débordante, marqué par ce qu’il a vécu, portant une blessure, visible et invisible, qui va définir en grande partie son destin : l’obsession de comprendre, de retrouver « Grace », celle qu’il dit avoir connue pendant sa disparition et dont il garde le souvenir, et vivre malgré le traumatisme qu’il a subi.

 

·        Saint, fidèle amie de Patch, courageuse, entêtée, moralement engagée, qui refuse la résignation, à la recherche de la vérité en talonnant la police et en menant sa propre investigation telle une boussole dans les ténèbres de ce drame.

 

Et une galerie d’individus secondaires crédibles qui contribuent à la richesse humaine du roman : Norma, la grand-mère de Saint, symbole de résistance et de mémoire familiale ; Sammy, mentor extravagant, amateur d’art, porteur de poésie ; Charlotte, la fille de Patch, qui mettra du temps à accepter les écarts de conduite de son père ; Misty, une adolescente confrontée au pire ; ou encore d’autres figures qui, malgré leurs défauts, leurs faiblesses, deviennent profondément attachantes. Chacun portant une part de souffrance, de lumière et souvent des contradictions.

 

La traduction de l’anglais de Cindy Colin-Kapen est remarquable dans son souci de restituer l’atmosphère à la fois noire, poétique et lyrique d’un récit dense, au rythme parfois haletant ou réflexif, en alternance entre les parts d’ombre et de lumière, comme l’annoncent le titre et l’illustration de la couverture de première.

 

Quelques longueurs ralentissent l’action. Elles permettent toutefois au lecteur de s’immiscer dans la dimension introspective des protagonistes. Quant au grand nombre d’événements et de personnages et les retours dans le temps, ils n’ont pas porté atteinte à mon intérêt jusqu’au dénouement inattendu de l’enquête.

 

Avec « Toutes les nuances de la nuit », Chris Whitaker nous propose un voyage intérieur duquel se dégage une émotion palpable, particulièrement en finale, suggérant qu’après un drame, et ce qu’il en reste, on tente de vivre malgré tout. Des ténèbres surgit la lumière. Par les temps qui courent, ce constat suscite l’espoir.

 

En conclusion, je pourrais citer un grand nombre d’extraits pour illustrer l’écriture riche et fluide de l’auteur. En voici quelques-uns pour vous mettre en appétit :

 

« Elle ramassa ses lunettes cassées, les chaussa, et vit le monde en fragments. »

 

« À l'âge de dix ans, il comprit que les êtres humains naissaient entiers, et que les blessures qu'ils subissaient effaçaient les différentes strates qui faisaient d'eux ce qu'ils étaient, détruisant peu à peu leur compassion, leur empathie, et leur capacité à se bâtir un avenir. À treize ans, il découvrit que ces strates pouvaient se reconstruire lorsque vous étiez aimé, et lorsque vous aimiez. »

 

« Patch savait que les rêves étaient un amalgame d'expérience et de pressentiment, de bribes de souvenirs et d'esquisses de nos actes à venir. »

 

« La fille sentait l'extérieur : un mélange de crème solaire, de chewing-gum et de fumée de bois. »

 

« Patch se réveilla en sursaut, suffoquant, les draps emmêlés autour de lui. En sueur, il se dirigea vers la salle de bains et baptisa ses cauchemars avec de l'eau froide. »

 

« Le week-end, Saint travaillait à la bibliothèque municipale de Panora. Elle s'y rendait à vélo, qu'elle laissait contre la balustrade noire, et se plongeait dans le travail avec la dévotion d'un cygne à son lac. »

 

Il ne vous reste plus qu’à vous précipiter à votre librairie indépendante ou à votre bibliothèque municipale pour vous lancer dans l’odyssée de Patch et de Saint.

 

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Chris Whitaker est né à Londres. Son premier roman, « Tall Oaks », paraît en 2016, reçoit les louanges de la critique et se voit couronné du CWA John Creasey New Blood Dagger. Avec « All the Wicked Girls » (2017), son deuxième roman, Chris Whitaker explore les thèmes de la disparition, de la jeunesse et des regrets au sein d'une Amérique dépeinte de manière magistrale. Avec « Duchess », il achève de convaincre ses pairs et les critiques littéraires, qui ont salué la beauté de son récit, devenu un livre à succès en Angleterre, en Allemagne et aux États-Unis. Chris Whitaker vit dans le Hertfordshire, en Angleterre, avec sa femme et ses trois enfants.

 

 

Je tiens à remercier les éditions Sonatine pour l’envoi du service de presse.

 

Au Québec, vous pouvez commander votre exemplaire du livre via la plateforme leslibraires.ca et le récupérer dans une librairie indépendante.

 

 

Évaluation :

Pour comprendre les critères pris en compte, il est possible de se référer au menu du site [https://bit.ly/4gFMJHV], qui met l’accent sur les aspects clés du genre littéraire.

 

Intrigue et suspense :

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Originalité :

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Personnages :

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Ambiance et contexte :

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Rythme narratif :

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Cohérence de l'intrigue :

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Style d’écriture :

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Impact émotionnel :

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Développement de la thématique :

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Finale :

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Évaluation globale :

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