Biz. – La chaleur des mammifères. – Montréal,
Leméac, 2017. – 154 pages.
Genre littéraire : Roman
Résumé : René McKay, cinquante-cinq ans, est
prof de littérature à l’université. Fraîchement divorcé de sa femme, Vicky, il
a peu de contact avec son fils de vingt ans, Mathieu. Renfrogné, désillusionné,
il s’est au long des années isolé du monde. Il ne vit pas, il végète, se
contentant de répéter à des étudiants distraits des vérités d’un autre âge, des
concepts qui n’allument plus personne.
Un
malheureux séjour en Suède pour prononcer une conférence inepte devant une
poignée de blasés est la goutte qui fait déborder le vase. Plus rien de tout ça
ne vaut la peine. Fini, l’amour, le sexe ; fini, les illusions, les rêves, les
espoirs, l’enthousiasme. Cependant, à son retour, une grève étudiante bat son
plein. Et tout est à nouveau possible.
Dressant un
portrait à l’acide du milieu universitaire, Biz n’épargne ni les profs ni les
étudiants. Mais il célèbre l’union, la harde, la horde, c’est-à-dire le peuple
en mouvement quand il n’agit pas en troupeau.
Commentaires : Je me suis revu à l’Université du
Québec à Montréal (UQÀM) dans les années 90 en lisant cette fiction de BIZ
alors que j’y enseignais, bien que l’intrigue se situe en 2012. Ambiance
départementale des plus réalistes. Et j’ai revécu les événements entourant le « printemps
érable », la grève générale et illimitée des étudiants pour protester
contre la hausse des frais de scolarité imposée par le gouvernement libéral de
Jean Charest. Tel est le cadre du cinquième roman de Biz, un des membres du
groupe rap québécois Loco Locass.
La chaleur des mammifères raconte l’histoire d’un professeur
de littérature désabusé par son travail d’enseignant et par l’attitude de ses
étudiants et de ses collègues. Avec humour et une touche de cynisme, Biz amène
son personnage principal, René McKay, à découvrir, à la suite des événements de
l’automne 2012, tout le potentiel de cette jeunesse arborant le carré rouge. Et
si tous ensemble, nous les mammifères humains, on se mettait en mouvement pour
changer le cours des choses…
Le récit de
Biz est aussi agrémenté par des commentaires sur la création littéraire comme :
« Faites des phrases courtes. Évitez les
adverbes. Apprenez à ponctuer. Et rappelez-vous ce mot de Quintilien : ‘’Une
phrase trop chargée d’adjectifs est comme une armée où chaque soldat serait
accompagné de son valet de chambre’’ » (p. 32).
Ou encore
celle-ci sur l’utilisation du point-virgule :
« Destiné à unir deux propositions ayant un
lien entre elles, le point-virgule ajoute de la nuance et du rythme à la
narration. Utilisé. Savamment, le point-virgule prépare une chute inattendue et
devient un marqueur de cynisme. Michel Houellebecq l’utilise abondamment. En
cent ans, soit depuis la parution de Du côté de chez Swann en 1913, j’avais calculé
une baisse d’occurrences de 86% du point-virgule dans la littérature française.
Malheureusement, le point-virgule est menacé par la mode des phrases courtes.
Paradoxalement, c’est la brièveté du texte qui a redonné une seconde vie au
point-virgule. Accolé à la parenthèse, il devient un clin d’œil qui indique au
lecteur que la phrase doit être lue au second degré » (p. 80).
À lire (une recommandation
pour étudiants et professeurs des institutions supérieures d’enseignement).
Ce que j’ai aimé : Ce constat : « Corriger, c’est le supplice de n’importe
quel prof. Essentiellement parce qu’en évaluant l’apprentissage de ses élèves,
l’enseignant mesure sa propre capacité à transmettre le savoir. Le résultat
renvoie presque toujours au double constat d’échec des apprenants et des
maîtres » (p. 13).
Ce que j’ai moins aimé : -
Cote : ¶¶¶¶¶
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