Deux hommes en un (Graham Greene)


Graham Greene. – Deux hommes en un. – Montréal : Flammarion Québec, 2025. – 341 pages.

 

 

 

Roman

 

 

 

Résumé :

 

Francis Andrews est à bout de force. Quand il aperçoit la maison dans le bois noyé de brume, il se croit sauvé. Il imagine déjà la vieille femme maternelle qui lui ouvrira. La porte cède si brusquement sous sa main qu'il tombe à genoux. Une jeune fille armée d'un fusil le tient en joue.

 

La peur le reprend, comme toujours. Il est lâche et le sait. À cause de sa lâcheté, les hommes avec qui il fait de la contrebande depuis trois ans le méprisent. Il s'est vengé avec ses moyens - par une lettre anonyme. La bande surprise a tué un douanier.

 

Maintenant les coupables sont en prison, sauf Carlyon, le chef, l'ami et le protecteur de Francis, qui a deviné sa trahison et le cherche sur la falaise. Voilà pourquoi Francis entre en fugitif chez Elisabeth. Va-t-elle le livrer à Carlyon ? Non, mais dès lors le danger rôde autour de la maison. Une fois de plus Francis devra choisir entre le courage et la lâcheté.

 

 

Commentaires :

 

C’est avant de devenir le maître incontesté des thrillers psychologiques et des « romans catholiques » que Graham Greene a signé, en 1929, son tout premier roman, « The Man Within », traduit en français sous les titres « L’homme et lui-même »  et « Deux hommes en un »  Il s’agit d’une œuvre de jeunesse parfois qualifiée de maladroite par la critique révélant déjà l’écrivain tourmenté que l’on retrouve dans ses grands livres. Flammarion Québec a décidé d’éditer une nouvelle traduction de l’écrivain et éditeur français Christophe Claro avec une postface de l’écrivain, journaliste et critique d'art écossais William Boyd.

 

L’histoire met en scène Francis Andrews, jeune contrebandier anglais qui trahit ses compagnons et se retrouve en fuite. Réfugié chez une jeune veuve, il découvre l’amour, mais aussi la possibilité d’une rédemption. Reste qu’il est hanté par la figure d’un père tyrannique, par le poids du mensonge et par cette incapacité à se tenir droit face à lui-même. Tout le roman repose sur ce conflit intérieur : comment vivre avec l’ombre d’une trahison et retrouver un semblant de paix ?

 

L’excès de lyrisme, des dialogues parfois appuyés, une trame sentimentale qui frôle le mélodrame de « Deux hommes en un » ont malheureusement eu raison de mes efforts de lecture. La postface de William Boyd vous convaincra peut-être de faire preuve de plus de ténacité et de tolérence pour cette œuvre du jeune Graham Geene.

 

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Henry Graham Greene est un écrivain britannique. Il possède un diplôme en Histoire moderne de l’université d’Oxford. En 1926, il se convertit au catholicisme pour épouser Vivien Dayrell-Browning qu'il a rencontré chez le libraire oxfordien Blackwell's. Il devient journaliste et travaille au Nottingham Journal, puis, pendant quatre ans, comme rédacteur adjoint au Times. En 1935, à la suite de déboires conjugaux, il entame une vie d'errance, entre autres au Liberia, au Congo et au Sierra Leone. Il fut critique de cinéma pour le Spectator et rédacteur littéraire à Nigth and Day avant de faire la guerre comme agent du Foreign Office et est placé comme agent de renseignement en Sierra Leone. Ses nombreux déplacements vont nourrir son œuvre.

 

Romancier, nouvelliste, homme de théâtre, essayiste, engagé sur les plans politique et religieux, Greene a aussi travaillé pour le cinéma, adaptant ses œuvres à l'écran, écrivant des scénarios, dont le grand classique du film noir « Le Troisième Homme » (1949). Il s'installe à la fin des années soixante en France, mais, atteint d'une leucémie, il part en Suisse pour se faire soigner. Il y décède en 1991.

 

Graham Greene a publié 26 romans dont la liste est jointe en annexe.

 

 

Je tiens à remercier les éditions Flammarion Québec pour l’envoi du service de presse.

 

Au Québec, vous pouvez commander votre exemplaire du livre via la plateforme leslibraires.ca et le récupérer dans une librairie indépendante.


Petite-Ville (Mélikah Abdelmoumen)


Mélikah Abdelmoumen. – Petite-Ville. – Montréal : Mémoire d’encrier, 2024. – 290 pages.

 

 

Polar mais pas seulement

 

 

 

Résumé :

 

Simon, célèbre journaliste et écrivain engagé, est retrouvé mort à 40 ans dans le parc aménagé sur les ruines de la Zone. C'est dans cette banlieue pauvre de Petite-Ville qu'il a grandi avec Mia, tous deux adoptés par Annick Mesplède, travailleuse sociale. Qui a tué Simon ? Petite-Ville dresse le portrait de nos villes minées par l'exclusion, l'injustice et les inégalités.

 

 

Commentaires :

 

L’intrigue s’ouvre sur la mort mystérieuse de Simon James, journaliste engagé âgé de 40 ans, retrouvé dans un parc aménagé sur les ruines de la Zone, un quartier défavorisé où il a grandi avec Mia, sa sœur adoptive

Mia devient ainsi la narratrice principale, traçant le portrait d’une société marquée par les inégalités, la violence médiatique et les dynamiques de pouvoir. Cette déclaration en page liminaire, en lettres capitales, donne le ton :

 

« PERSONNE N'EST PAUVRE PAR CHOIX, N'EN DÉPLAISE AUX POLÉMISTES DE COIN DE COMPTOIR QUI N'ONT JAMAIS MANQUÉ DE RIEN. »

 

« Petite-Ville » est un roman qui exprime une critique sociale et médiatique puissante, une « autopsie poétique du monde médiatique » qui va au-delà d’un polar traditionnel. Mélikah Abdelmoumen  y dénonce « avec une plume aiguisée les dérives d’un système qui confond bruit et vérité », mettant en lumière les thèmes de la pauvreté, de la violence, du deuil, du dialogue avec nos morts, de la manipulation médiatique, de l’omniprésence des chroniqueurs provocateurs, des discours de haine et de la responsabilisation journalistique. Une thématique plus que jamais d’actualité.

 

En cours de lecture, des extraits d’archives reproduites sur des pages grises viennent appuyer la narration.

 

Le ton est à la fois poétique et sombre, entre la dure réalité et « une écriture lyrique » dans un « récit non linéaire, introspectif, à la fois désordonné et fluide » au rythme plutôt lent dans le développement de

 

En conclusion, « Petite-Ville » est une œuvre littéraire qui se caractérise son propos engagé et sa richesse stylistique, malgré quelques réserves sur le rythme et la structure. Si vous recherchez une fiction qui interpelle autant par ses idées que par son écriture, le roman de Mélikah Abdelmoumen répondra à vos attentes. Mais ne vous attendez pas à plonger dans un suspense haletant.

 

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Romancière et essayiste, Mélikah Abdelmoumen est née à Chicoutimi en 1972. Elle est une figure incontournable de la scène littéraire québécoise. Elle est aussi essayiste et éditrice ; elle fut jusqu’en 2025 rédactrice en chef de la revue Lettres québécoises. Son essai « Baldwin, Styron et moi », publié chez Mémoire d'encrier en 2022, a remporté le Prix Pierre-Vadeboncoeur. Elle vit à Montréal. « Petite-Ville » a été finaliste au Prix littéraire des collégien.ne.s 2024.

 

 

Je tiens à remercier les éditions Mémoire d’encrier pour l’envoi du service de presse.

 

Au Québec, vous pouvez commander votre exemplaire du livre via la plateforme leslibraires.ca et le récupérer dans une librairie indépendante.

 

 

Évaluation :

Pour comprendre les critères pris en compte, il est possible de se référer au menu du site [https://bit.ly/4gFMJHV], qui met l’accent sur les aspects clés du genre littéraire.

 

Intrigue et suspense :

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Originalité :

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Personnages :

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Ambiance et contexte :

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Rythme narratif :

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Cohérence de l'intrigue :

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Style d’écriture :

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Impact émotionnel :

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Développement de la thématique :

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Évaluation globale :

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Blass – Le chat sur un toit brûlant (Michel Viau et Jocelyn Bonnier)


Michel Viau et Jocelyn Bonnier. – Blass – Le chat sur un toit brûlant. – Montréal : Glénat Québec, 2020. – 141 pages

 

 

Bande dessinée policière

 

 

 

Résumé :

 

Ami de Mesrine [prononcer Mérine], braqueur de banques, tueur... Entre 1965 et 1975, Richard Blass a été soupçonné de 21 meurtres et a réalisé 3 évasions spectaculaires.

 

1968, Montréal est la deuxième ville la plus violente en Amérique du Nord, après New York, quand Richard Blass, âgé de 23 ans à peine, se retrouve à la tête d'une bande criminelle.

 

Jeune et rebelle, il s'oppose au pouvoir détenu par la mafia italienne dans le centre de la ville de Montréal.

 

Son gang, essentiellement composé de francophones, empiète de plus en plus sur le territoire de la mafia, ce qui déclenchera des conflits dangereux et irréversibles...

 

 

Commentaires :

 

À ce jour, Michel Viau a scénarisé deux bandes dessinées portant sur des criminels québécois célèbres : « Havana Connection  (2023) » [dessins de Djibril Morissette-Phan) qui met en scène le narcotrafiquant Lucien Rivard lors de la révolution cubaine, une période peu connue de la biographie de ce gestionnaire de boîtes de nuit et marchand d’armes à La Havane. Et, trois ans plus tôt, « Blass – Le chat sur un toit brûlant » [dessins de Jocelyn Bonnier] qui porte sur une dizaine d’années de la vie du gangster Richard Blass.

 

 

Comme dans ses autres publications, l’auteur historien de la BD québécoise, avec la collaboration de Bernard Tétrault, journaliste spécialisé dans les affaires criminelles et judiciaires, s’appuie sur une recherche approfondie concernant son personnage qui repose, on le devine, à partir d’une documentation très variée : journaux d’époque, essais sur l’individu, son entourage et le contexte criminel de l’époque qu’il fournit en bibliographie pour quiconque voudrait compléter la lecture de ce tourne page illustré.

 

L’époque où sévit Richard Blass est aussi celle d’un célèbre chroniqueur judiciaire : Claude Poirier, « monsieur 10-4 », alors en début de carrière. C’est à ce dernier que Michel Viau a confié la rédaction de la préface dont le titre donne le ton à la couleur langagière des dialogues entre les bandes criminelles : « Arrête de dire que je suis mort, CRISS, J’SUIS VIVANT ». L’ex-journaliste y décrit quelques rencontres « par la force des choses » qu’il a faites avec le criminel « omniprésent dans [sa] carrière de reporter spécialisé dans les affaires judiciaires ».

 

Comme dans « La non vengée – Le mystère Blanche Garneau » les dessins au trait en noir et blanc de Jocelyn Bonnier nous replongent à l’époque des faits relatés et certaines images sont inspirées de photos de journaux.

 

 

La référence aux événements d’octobre 1970 au moment de la promulgation de la « Loi sur les mesures de guerre » offre l’opportunité au scénariste de nous faire découvrir que Richard Blass, alors emprisonné au pénitencier de Sainte-Anne-des-Plaines, a fait une proposition surprenante à son avocat, Me Frank Shoofey, en échange de sa libération :

 

« Écoute Frank ! Je sais comment libérer les deux otages du FLQ ! »

 

La première planche trouve son explication en finale alors que le récit est ponctué de violents assassinats, de procès colorés, d’évasions spectaculaires avec, entre autres, la complicité du criminel français Jacques Mesrine. Le tout raconté en deux blocs : « Le chat sauvage » et ses neuf vies, la période des conflits entre le gang de Blass et la mafia montréalaise et « Le fauve » vengeur en réaction violente à ses emprisonnements.

 

« Blass – Le chat sur un toit brûlant » rappelle à notre mémoire une période trouble dans l’histoire de la métropole montréalaise. En complément de lecture, je vous invite à visionner ce court reportage tiré des archives de la Société Radio-Canada intitulé « Le criminel Richard Blass ». Également, lire l’article « Exécution et résurrection de Richard Blass ») publié par le tandem Dave Noël et Jean-François Nadeau publié dans le journal Le Devoir de Montréal le 23 janvier 2021.

 

Enfin, je ne saurais passer sous silence « Requiem pour un beau sans-cœur », premier film de Robert Morin « sans doute le meilleur polar psychologique québécois de tous les temps » nommé quatre fois aux Prix Génie 1992. Le scénario « que l’on dit librement inspiré de la vie du criminel québécois Richard Blass (1945-1975), est un hommage aux films de gangsters des années cinquante tourné en caméra subjective » fait revivre les derniers jours de Régis Savoie, criminel notoire condamné à vingt-cinq ans de réclusion, alors que huit personnes se remémorent, chacune à sa manière, les événements des trois derniers jours de sa vie.

 

Bonne lecture et bons visionnements !

 

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Michel Viau qui vit à Sherbrooke est historien de la bande dessinée québécoise (« Les Années Croc », 2013; « BDQ. Histoire de la bande dessinée au Québec », 2014, réédité en 2021). Il a été directeur du secteur BD des éditions Les 400 coups et rédacteur en chef de Safarir. Il est le scénariste de « L'Affaire Delorme », de « La Non vengée : Le mystère Blanche Garneau » et de « Visa pour Nan Madol ». Il collabore au Cochaux Show (CFLX) à titre de chroniqueur BD.


Bernard Tétrault est un journaliste spécialisé dans les affaires criminelles et judiciaires depuis 1964. Il a été le rédacteur en chef de l'hebdomadaire Allô Police. Il est aussi le coauteur de « Claude Poirier – 10-4 », de « Claude Poirier – Sur la corde raide » et a signé, avec Michael Lechasseur, « Confidences d'un agent double – En mission à 14 ans ». En 2015, il a fait paraître la biographie de Me Jean-Pierre Rancourt, avocat criminaliste.

 


Le Montréalais Jocelyn Bonnier travaille dans le domaine du cinéma et de la publicité en tant qu'illustrateur de scénarimages, de bandes dessinées et de romans graphiques.

 

 

 

Au Québec, vous pouvez commander votre exemplaire du livre via la plateforme leslibraires.ca et le récupérer dans une librairie indépendante.

 

 

Évaluation :

Pour comprendre les critères pris en compte, il est possible de se référer au menu du site [https://bit.ly/4gFMJHV], qui met l’accent sur les aspects clés du genre littéraire.

 

Évaluation globale :

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